Vous êtes nombreux à visionner une vidéo montrant une sorcière filmée par une caméra cachée, en novembre dernier. Dans cette vidéo, publiée notamment sur tik tok et partagée sur whatsapp, on entend la voix d’une personne, en fongbé, qui nous informe que la scène s’est produite dans une maison à Cotonou, au Bénin. Cette vidéo est-elle réelle ? Est-ce vrai que la sorcière a été filmée au Bénin ? Bénin Check répond à toutes ses questions, à travers cet article. Continuer à lire … « Faux, cette vidéo montrant une sorcière filmée par une caméra cachée n’est pas réelle »
Non, le bain de siège après l’accouchement n’est pas interdit

Dans une publication en date du 8 juin 2021 à 09 heures 00 sur sa page Facebook, Dr Lédémè fait mention d’une interdiction formelle du bain de siège, une pratique qui est monnaie courante dans les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale. Bénin Check a vérifié cette information et s’est rendue compte qu’aucune disposition légale ni étude n’interdit cette pratique.
Le bain de siège est une pratique consistant pour la femme qui a accouché de s’assoir pendant quelques minutes sur un petit pot contenant de l’eau chaude pour permettre à la vapeur de compléter l’écoulement des lochies. Une très grande serviette la recouvre afin d’empêcher la vapeur de s’y échapper. Cette pratique consiste également pour l’accouchée de s’accroupir et de recevoir l’eau chaude au niveau de la vulve pour la cicatrisation de cette partie.
Dans sa publication, Dr Lédémè qui se présente sur son profil Facebook comme gynécologue-obstétricienne a parlé d’une interdiction formelle de la toilette à l’eau chaude après l’accouchement, et lance : « Cessez de vous chauffer le vagin après l’accouchement », sans citer une source légale ni préciser une étude ou travaux scientifiques. Selon sa publication, toute accouchée, que ce soit par césarienne que par voie basse, est interdite de cette pratique qu’elle reconnait que « Dans certaine coutume africaine consiste à vider le corps des saletés restant après l’accouchement et tonifier la femme ». « Ce bain est formellement interdit chez toute accouchée que ce soit par césarienne que par voie basse », a-t-elle fait savoir.
Une interdiction sans fondement juridique ni scientifique
Jusqu’à la date de la publication de cet article, Bénin Check après ses vérifications n’a pu identifier une disposition légale ni de travaux scientifiques interdisant « formellement le bain à l’eau chaude » aux femmes après l’accouchement.
Dans le but d’établir la vérité, Bénin Check, n’ayant pas eu de sources qui conforment cette interdiction s’est adressé à l’auteure de la publication. En réponse elle confirme qu’il n’existe « pas de disposition légale au Bénin qui a été prise dans ce sens », avant d’ajouter : « il y a quelques travaux qui renseignent sur les inconvénients de la pratique. Très peu d’études sur les avantages et bénéfices de cette pratique. »
Que retenir ?
Dr Lédémè n’a pas fourni de preuves tangibles d’une « interdiction formelle » du bain à l’eau chaude après accouchement. D’une façon générale, les sources que Bénin Check a consultées déconseillent l’eau à la température trop élevée pour le bain après l’accouchement. Selon Docteur Brice Akpovi, médecin gynécologue-obstétricien et chef service de maternité de l’Hôpital de zone d’Abomey-Calavi, cité dans une publication du journal le Martin libre le 21 octobre 2016, le bain à « l’eau tiédie n’est pas contre-indiqué » pour « éliminer d’éventuels caillots » après l’accouchement.
Dans son mémoire « Vécu de l’accouchement, et perpétuation des rites du post-partum en France chez les femmes originaires d’Afrique subsaharienne » présenté et soutenu publiquement le 28 septembre 2015 afin d’obtenir le Diplôme d’Etat de Sage-femme en France, Mame Kheury Diene, a écrit : « En ce qui concerne le bain de siège, dans la littérature occidentale il est mentionné dans le cadre du traitement de la maladie hémorroïdaire, du soulagement des douleurs périnéales (épisiotomie, déchirure périnéale), et de la rétention urinaire du post-partum. Ainsi, sur les RPC de l’ANAES de 2001, il est stipulé que les bains de siège, à une température de 40 à 50 °C, sont curatifs et préventifs de la rétention urinaire postopératoire (grade B). Toutefois, il n’existe officiellement aucune recommandation ou étude contre-indiquant le bain de siège chez l’accouchée ».
« Celles à qui on demande de ne pas faire une toilette à l’eau chaude, ce sont celles à qui on a fait une épisiotomie », a souligné une infirmière du Centre national hospitalier universitaire Hubert Maga (CNHU-HM), qui a requis l’anonymat.
Cette vérification de faits a été rédigée par Prudence SALANON et Délofon Toussaint HOUETOHOSSOU .
Cet article a été approuvé pour publication par le Fondateur de Bénin Check, Délofon Toussaint HOUETOHOSSOU.
Faux, Ecobank Bénin n’a lancé aucun recrutement
Un message faisant état d’un recrutement lancé par Ecobank Bénin fait le tour des réseaux sociaux. Selon, l’appel à candidature que nous avons reçu, l’institution bancaire recherche les profils suivants :
• Assistant clientèle • Caissier(e) • Chargé des opérations bancaires • Chef de caisse • Chargé de Clients Particuliers • Chargé d’affaires • Chef d’agence • Contrôleur bancaire • Analyste crédit • Contrôleur de gestion • Chargé d’études marketing • Organisateur • Comptable • Juriste
Notre processus de vérification a consisté en premier lieu à envoyer un courrier électronique à l’adresse ecobankenquiries@ecobank.com de Ecobank. Voici la réponse que nous avons reçue.
« Bonjour Monsieur HOUETOHOSSOU, ECOBANK accuse réception de votre demande et vous remercie d’avoir choisi la Banque Panafricaine. Nous faisons suite à votre demande relative au recrutement d’emploi que vous avez reçu. Nous vous prions de vouloir noter que cette information est une intox. »
Après réception de cette réponse, nous avons consulté la page facebook officielle Ecobank Benin Limited
Un post en date du 16 juin 2021, indique que la Banque décline toute sa responsabilité au sujet de l’appel à candidatures. « Ecobank Bénin tient à vous informer que cette annonce est fausse et décline à cet égard tout responsabilité y relative », lit-on.
En conclusion, il faut retenir cette annonce n’est pas l’œuvre de Ecobank Bénin.
Cette information a été vérifiée et l’article a été rédigé par le Fondateur de Bénin Check, Délofon Toussaint HOUETOHOSSOU.
Non, le gouvernement béninois n’a pas levé 171 milliards sur le marché financier de l’UEMOA
Le 28 mai 2021, un article publié sur le site d’information Bénin Web Tv est titré : « Marché financier de l’UEMOA : Le Bénin sollicite 60 milliards mais en lève 171». L’auteur, Edmond Djogbénou, a fait référence à l’émission d’obligations faite par le pays le 27 mai 2021 tout en précisant que : « La république du Bénin vient de faire un grand retour sur le marché financier de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Sur une émission d’Obligations assimilables du trésor (OAT) de 60 Milliards de francs CFA, il (le Bénin) a réussi à lever 171 Milliards de francs CFA. »
Bénin Check, après vérification, vous informe que le Bénin n’a pas levé 171 milliards de Francs CFA lors de cette opération.
A la demande de la direction générale du Trésor et de la comptabilité publique du Bénin, l’Agence UMOA-Titres a organisé, en collaboration avec la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), un appel d’offres pour la cession d’Obligations de relance (ODR) du trésor le jeudi 27 mai 2021. Suite à l’adjudication ouverte, 70 soumissions en direction de 30 structures ont été reçues. Le montant total des soumissions est de 170 805 000 Fcfa. L’État béninois a retenu 66 milliards de Fcfa contre les 60 milliards qu’il avait demandés dans l’appel d’offres. Ce montant entrant dans le cadre d’ODR sera remboursé en trois ans avec un taux d’intérêt fixe de 5,25% l’an.
Toutes les informations portant sur l’opération sont disponibles sur le site internet de l’Agence UMOA-Titres que nous avons consulté pour rédiger cet article. Une fois la page ouverte, nous avons téléchargé, dans la section « Téléchargez les documents de cette émission », « AVIS D’APPEL D’OFFRES », « ANNONCE » et « COMPTE RENDU ».
Conclusion
Le Bénin, dans le cadre de la cession d’Obligations de relance (ODR) du jeudi 27 mai 2021, n’a pas levé 171 milliards. Il a plutôt levé 66 milliards. Selon Abdou Diaw, journaliste spécialisé en Economie et finances, le montant levé est celui retenu, à l’issue de l’appel d’offres.
Cette vérification de faits a été rédigée par la fact-checker Max-Bill AKODJINLOSSI.
L’article a été approuvé pour publication par le Fondateur de Bénin Check, Délofon Toussaint HOUETOHOSSOU.
Non, le gouvernement béninois n’a pas disqualifié 17 des 20 candidats à l’élection présidentielle
Le 3 mai 2021, un article portant sur le Bénin a été publié sur le site internet du journal américain The Washington post. Selon Christina Cottiero, auteure dudit article rédigé en anglais, le gouvernement a disqualifié 17 des 20 candidats à l’élection présidentielle de 2021 (quatrième paragraphe). L’article a été relayé, en français, sur Facebook.
https://platform.twitter.com/widgets.jsNew post from me @monkeycageblog on Benin’s recent presidential election and regional security implications. Talon’s govt knows economic and social inclusion + security in the country’s northern communities needs to be a priority, and that neglect… 1/4 https://t.co/2eUGFkAcdI
— Christina Cottiero (@christinakcc) May 3, 2021
Extrait de la traduction relayée sur Facebook
« LE PROBLÈME DE L’EXTRÉMISME AU #BÉNIN POURRAIT S’AGGRAVER APRÈS LES ÉLECTIONS DU MOIS DERNIER : LE GOUVERNEMENT S’EST CONCENTRÉ SUR L’ÉLIMINATION DES OPPOSANTS POLITIQUES CES DERNIÈRES ANNÉES PLUTÔT QUE SUR LA LUTTE CONTRE LES GROUPES EXTRÉMISTES ET CRIMINELS
Bénin Check indique qu’il n’y a aucune preuve pouvant certifier cette information.
Au Bénin la phase d’enregistrement des candidatures à la présidentielle dernière s’est déroulée du 1er au 4 février 2021. Au cours de cette période, la Commission électorale nationale autonome (CENA), structure organisatrice des élections au Bénin (confère article 13 de la loi du 15 novembre 2019 portant code électoral en République du Bénin), a reçu 20 dossiers de déclaration de candidatures. Quelques jours plus tard, le 12 février 2021, la CENA a publié une liste provisoire de trois candidatures retenues pour prendre part à l’élection. Les membres de l’institution ont dit avoir rejeté 17 dossiers pour divers motifs dont l’absence de parrainage, le manque de bulletin numéro 3 du casier judiciaire, le défaut de candidats sur les listes. Après cette étape, certains candidats recalés ont déposé de recours devant la Cour constitutionnelle. Les contestataires ont été déboutés par la haute juridiction constitutionnelle qui a confirmé, à travers une décision en date du 22 février 2021, la liste provisoire retenue par la CENA. Au regard de cette décision, le président de la CENA, Emmanuel Tiando, a rendu publique, dans la même journée du 22 février 2021, la liste définitive des trois duos de candidats à l’élection présidentielle.
Il faut remarquer que, conformément à la loi du 15 novembre 2019 portant code électoral en République du Bénin, seulement deux institutions ont joué de rôle dans la sélection des candidats. Il s’agit de la CENA qui a enregistré, examiné les dossiers puis validé une liste provisoire (confère alinéas 4 et 5 de l’article 15 la loi du 15 novembre 2019 portant code électoral en République du Bénin). Ensuite, la Cour constitutionnelle, a confirmé ladite liste de la CENA après avoir rendu un verdict au sujet des recours (confère article 136 la loi du 15 novembre 2019 portant code électoral en République du Bénin).
C’est dire que le gouvernement n’a joué aucun rôle dans le processus. Et donc, on ne saurait le prendre comme responsable dans la qualification des 17 candidats à l’élection présidentielle béninoise du 11 avril 2021.
Cette vérification de faits a été rédigée et approuvé pour publication par le Fondateur de Bénin Check, Délofon Toussaint HOUETOHOSSOU
Non, aucun résultat d’autopsie réalisée en Russie ne conteste l’existence du Covid-19
Depuis quelques semaines, est partagée sur les réseaux sociaux une vidéo très virale qui conteste l’existence de la pandémie du Coronavirus. Cette vidéo stipule que la pandémie est une arnaque mondiale et que les personnes meurent à cause des rayonnements électromagnétiques 5G amplifiés.
Bénin Check a vérifié les informations ci-dessus et a découvert que ce n’est pas vrai.
En effet, ce raisonnement serait issu d’une autopsie post-mortem d’un patient du covid-19 en Russie, autopsie strictement interdite par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Une découverte scientifique serait faite : « On ne peut supposer qu’il s’agit d’un virus, mais d’une bactérie qui cause la mort, qui provoque la formation de caillots sanguins dans les veines, et les nerfs, provoquant la mort du patient à cause de cette bactérie. » Des mesures telles que la prise des pilules antibiotiques, des anti-inflammatoires et des anticoagulants permettraient de venir à bout de cette ‘thrombose’. Par ailleurs, cette vidéo déclare également que les ventilateurs et l’unité des soins n’ont jamais été nécessaires.
Aucune ligne ou aucune information mentionnée dans cette vidéo ne figure sur le site officiel du ministère Russe de la Santé. Bien au contraire, cette source officielle publie chaque jour des informations traitant de cette pandémie. Aussi, ce Ministère s’échine pour proposer un nouveau médicament contre une forme sévère du Covid-19, le Levilimab ou Ilsira. Ce remède est destiné aux malades qui ont une réaction inflammatoire excessive de l’organisme au virus. De même, ce ministère a donné son feu vert aux essais cliniques du vaccin anti-covid Spoutnik Light, composé d’une seule dose, qui pourrait servir aux pays se trouvant au pic de la courbe d’infections.
Ces diverses informations publiées sur le site officiel constituent un démenti indirect sur l’origine de cette vidéo. Ce qui est vrai, c’est qu’une étude réalisée à partir d’autopsies en Italie, a montré qu’une des complications graves possibles de la maladie est la formation de petits caillots sanguins, notamment dans les vaisseaux pulmonaires, qui entravent la circulation du sang, d’où la thrombose. Ce risque est suffisamment connu pour que l’on ait prescrit des anticoagulants chez certains patients du Covid.
Mais cela ne permet pas d’affirmer que la thrombose est systématiquement impliquée dans tous les décès du Covid, ni que l’utilisation d’anticoagulants aient un effet sur tous les patients sévères. La pneumonie demeure la complication la plus fréquente du Covid-19. Et surtout, contrairement à ce que sous-entend la vidéo, ces observations ne mettent pas en doute l’intérêt des ventilateurs et des unités de soins intensifs. Ni ne permettent, hélas, de dire que la maladie pourrait être soignée bien plus facilement, évidemment pas avec des pilules antibiotiques, des anti-inflammatoires et des anti-coagulants.
Cette vérification de faits a été rédigée par la fact-checker Lizette ABOUE.
Cet article a été approuvé pour publication par le Fondateur de Bénin Check, Délofon Toussaint HOUETOHOSSOU.
Non, le Bénin n’a pas le deuxième taux de pauvreté le plus faible de l’UEMOA
En conférence de presse, le jeudi 16 juillet 2020, le ministre d’État béninois chargé du Plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané, a laissé entendre que le Bénin est le deuxième pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) ayant le plus faible taux de pauvreté. Cette nouvelle s’est répandue dans les journaux (Nouvelle Tribune, Bénin Web TV).
Bénin Check a vérifié l’information ci-dessus et a découvert que ce n’est pas vrai.
La Commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) met en œuvre, à travers son département des Politiques économiques et de la fiscalité intérieure, le Programme d’harmonisation et de modernisation des enquêtes sur les conditions de vie des ménages (#PHMECV). Ce programme appuyé par la Banque mondiale ambitionne de rendre fiables les statistiques liées à la pauvreté, dans les huit pays de l’Union. Il consiste notamment à réaliser, en deux éditions, des enquêtes dénommées « Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM) ». Ces enquêtes devront utiliser des outils de collecte modernes, harmonisés et respectant les normes et standards internationaux. La collecte des données, entrant dans le cadre de la première édition, a été organisée en deux vagues. Elle s’est déroulée simultanément dans les huit Etats membres de l’Union sur la période de septembre à décembre 2018 pour la première vague et d’avril à juillet 2019 pour la seconde. Comme particularité, elle se base sur un échantillon représentatif (variant de 5 300 à 13 000 ménages selon les pays) permettant d’assurer la significativité des indicateurs au niveau national. Au Bénin, elle a été lancée officiellement le vendredi 12 octobre 2018.
DEUX APPROCHES DIFFÉRENTES
Au terme de la collecte des données, effectuée pour le compte de la première édition de l’EHCVM, des indicateurs de pauvreté ont été calculés suivant deux approches différentes.
La première approche s’est focalisée sur le seuil international de pauvreté qui est de 3,2 dollars ($3,2) par personne et par jour en Parité du pouvoir d’achat (#PPA) de 2011. Elle a permis d’évaluer, en pourcentage (%), les incidences de pauvreté comparables entre pays. L’incidence de pauvreté est la proportion d’individus vivant en dessous du seuil de pauvreté. En d’autres termes, c’est le taux de pauvreté.
La seconde approche s’est basée sur un seuil national de pauvreté construit pour chaque pays. Ledit seuil national de pauvreté a été utilisé pour évaluer les indicateurs de pauvreté tels que l’incidence de la pauvreté nationale en %, l’indice de Gini et l’indice d’inégalité interdécile P90/P10. L’indice de Gini rend compte de l’inégalité de la répartition du revenu dans la population. Plus, il est élevé, plus l’inégalité est grande. « La situation idéale est d’avoir un indice de Gini égal à 0 », explique le statisticien Maurice Koyo. L’indice d’inégalité interdécile P90/P10, d’après le directeur du centre statistique de la Commission de l’UEMOA et coordonnateur du PHMECV, Namaro Yago, renvoie au rapport entre les revenus d’un riche et d’un pauvre.
LES SEUILS NATIONAUX ET INTERNATIONAUX DE PAUVRETÉ, LA PPA
Selon la Banque mondiale, les seuils nationaux de pauvreté reflètent, en règle générale, la somme d’argent nécessaire aux habitants d’un pays pour satisfaire leurs besoins essentiels sur le plan de l’alimentation, de l’habillement et du logement.
« Pour connaître le nombre de personnes dans le monde vivant dans la pauvreté, on ne peut pas juste additionner les taux de pauvreté de chaque pays. Cela reviendrait à utiliser un instrument de mesure différent pour identifier les pauvres dans chacun des pays. Nous avons donc besoin d’un seuil qui mesure la pauvreté dans tous les pays avec un même étalon », apprend l’institution de Bretton woods. Ce seuil dit international est ressorti, pour la première fois, à 1 dollars en 1990. Il découle de la conversion dans une monnaie commune, en utilisant des taux de change en PPA, des seuils nationaux de pauvreté d’un certain nombre de pays parmi les plus pauvres du monde.
La parité de pouvoir d’achat (PPA), à en croire la Banque mondiale, permet de transposer le revenu et la consommation de chaque pays dans des termes comparables au niveau mondial. Ce taux de conversion est calculé en collectant des données sur les prix dans l’ensemble des pays du monde. C’est le Programme de comparaison internationale (PCI) qui est chargé de collecter ces données et de déterminer les PPA pour une année donnée. Le PCI est un programme de statistique indépendant, qui dispose d’un Bureau mondial hébergé par la Banque mondiale.
LE BÉNIN 4ÈME DANS L’ESPACE UEMOA
D’après la note de communication des résultats de la première édition de l’EHCVM publiée le 13 juillet dernier, l’incidence de pauvreté (taux de pauvreté), suivant le seuil de $3,2 PPA 2011, s’établit à 47,5 % pour le Bénin. Ce qui voudra dire que près de la moitié des Béninois vivent dans la pauvreté. Le pays est talonné par le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Mali avec respectivement 32,6%, 33,5% et 47,0% qui sont les taux les plus faibles de l’UEMOA. Il devance le Togo, la Guinée-Bissau, le Burkina Faso et le Niger avec respectivement 50,4% ; 56,2% ; 63,0% et 75,5% qui sont les proportions les plus élevées de l’Union.
L’incidence de pauvreté, suivant le seuil national de 246 542 FCFA (annuel), s’établit à 38,5%. Autrement dit ; 38,5% de Béninois disposent d’un montant inférieur à 676 FCFA par jour, pour satisfaire leurs besoins essentiels sur le plan de l’alimentation, de l’habillement et du logement. Ce taux se fixe à 37,8% au Sénégal. II ressort à 39,4% pour la Côte d’Ivoire ; 40,8% pour le Niger ; 41,4% pour le Burkina Faso ; 42,1% au Mali ; 45,5% au Togo et 47,7% en Guinée-Bissau.
Au sujet de l’indice de Gini, la répartition inégale des revenus atteint le niveau de 0,347 au Bénin. Cette inégale répartition franchit le cap de 0,316 en Guinée-Bissau; 0,332 au Mali; 0,350 au Niger; 0,351 en Côte d’Ivoire et au Sénégal; 0,381 au Togo puis 0,386 au Burkina Faso.
Les résultats montrent qu’au Bénin, un riche gagne 4,557 (indice d’inégalité interdécile P90/P10) fois plus qu’un pauvre. En guise d’exemple, lorsque le revenu d’un pauvre est de 500 FCFA par jour, celui du riche est de 2 279 FCFA au moins. Ce coefficient est de 3,855 en Guinée-Bissau. Il est de 4,234 au Niger; 4,294 au Mali; 4,391 au Sénégal; 4,730 en Côte d’Ivoire ; 4,973 au Burkina Faso et 5,344 au Togo.
COMMENT BIO TCHANÉ S’EST PLANTÉ
Lors de sa conférence de presse, en date du 16 juillet 2020, le ministre d’Etat béninois chargé du Plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané, a déclaré : « Nous avons reçu une bonne nouvelle de l’UEMOA. Cette nouvelle dit que le Bénin dans l’UEMOA est le deuxième pays où la pauvreté est la moins élevée après le Sénégal ». Dans cette déclaration de l’autorité ministérielle, l’extrait « Nous avons reçu une bonne nouvelle de l’UEMOA » oriente sur l’origine de son information. Alors, Abdoulaye Bio Tchané se serait basé sur des travaux de l’UEMOA. Or, l’EHCVM, dont les résultats ont été publiés le 13 juillet 2020, quelques jours avant la conférence de presse du ministre, est la récente activité statistique exécutée par la Commission de l’UEMOA. Se référant à ces résultats, il faut remarquer que deux différents taux de pauvreté ont été calculés de deux différentes manières. Un taux de pauvreté est obtenu à partir des seuils nationaux et l’autre, issu du seuil international de pauvreté ($3,2 PPA 2011).
Tenant compte de l’incidence de pauvreté évalué grâce aux seuils nationaux, le Bénin (38,5%) est effectivement le deuxième pays, de l’UEMOA, où la pauvreté est la moins élevée après le Sénégal (37,8%). Mais cette comparaison devient erronée au regard de quelques éléments contenus dans la note de communication des résultats de l’EHCVM. Ladite note indique : « Il faut souligner que les indicateurs de pauvreté monétaire calculés sur la base des seuils nationaux ne sont pas comparables entre pays, étant donné que les seuils de pauvreté qui sont à la base des calculs dérivent des habitudes de consommation strictement nationales.». Ce qui voudra signifier qu’aucune comparaison fiable ne peut être faite entre les incidences de la pauvreté en %, les indices de Gini et les indices d’inégalité interdécile P90/P10, obtenus sur la base des seuils nationaux de pauvreté. Abondant dans le même, le directeur du centre statistique de la Commission de l’UEMOA et coordonnateur du PHMECV, Namaro Yago, explique : « Pour ce qui est de la comparaison, ce qui est dit dans la note, c’est ce qui est professionnel d’observer pour deux raisons majeures: Le panier de consommation est propre à chaque pays. C’est la valorisation de ce panier qui est à la base du seuil de pauvreté qui est la ligne à laquelle on se réfère pour distinguer les pauvres des non pauvres – Même si c’étaient les mêmes paniers, il faut tenir compte de la différence de prix entre les pays. La pintade coûte 3000 FCFA à Ouagadougou et 6000 FCFA à Abidjan. » Pour assurer la levée de ces deux éléments qui s’opposent à la comparaison des taux nationaux, poursuit-il, on a calculé le taux à 3,2$ en PPA 2011. « Cette ligne est établie au plan international et tient compte des différences de niveau de prix. C’est donc ces taux de pauvreté qu’on peut comparer », martèle Namaro Yago.
Ainsi, le ministre d’Etat béninois chargé du Plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané, devait plutôt dire que le Bénin est le quatrième pays de l’UEMOA où la pauvreté est la moins élevée après le Mali.
Cette vérification de faits a été rédigée et approuvé pour publication par le Fondateur de Bénin Check, Délofon Toussaint HOUETOHOSSOU