Non, l’écorce de l’anacardier ne détruit pas les venins de serpent

Un post Facebook en date du 26 septembre 2022 laisse croire que les personnes victimes de morsure de serpent peuvent utiliser l’écorce de l’arbre de Cajou (anacardier) pour anéantir l’effet du venin. Il a suscité plus de trente mille réactions (6200 j’aimes, 979 commentaires et 32000 partages). Cette information est pourtant fausse. 

 

Selon l’OMS, les morsures de serpents constituent un problème de santé publique. « Chaque année, il se produit 5,4 millions de morsures de serpents entraînant de 1,8 à 2,7 millions de cas d’envenimement (intoxication par une morsure de serpent). On compte entre 81 410 et 137 880 décès et environ 3 fois plus d’amputations et d’incapacités définitives chaque année. La plupart des cas surviennent en Afrique, en Asie et en Amérique latine. En Asie, jusqu’à 2 millions de personnes sont mordues par des serpents venimeux chaque année tandis qu’en Afrique, on estime entre 435 000 et 580 000 le nombre de morsures nécessitant un traitement. Ce sont les femmes, les enfants et les agriculteurs dans les communautés rurales pauvres des pays à revenu faible ou intermédiaire qui sont le plus souvent victimes d’un envenimement. Ce fardeau pèse le plus lourd sur les pays ayant de faibles systèmes de santé et peu de ressources médicales. », informe l’institution mondiale. 

Ce qu’on sait des venins de serpents 

Les morsures de serpents sont souvent accompagnées d’inoculation de venins. « Dans 20 à 30 % des cas, les morsures n’entraînent pas d’inoculation de venin (morsures sèches). Selon les propriétés enzymatiques et toxiniques des différents venins des serpents, on distingue schématiquement 3 syndromes d’envenimation : cytotoxique, hémato-
toxique et neurotoxique. Les 2 premiers syndromes ont en commun une douleur intense et anxiogène. Le syndrome neurotoxique est généralement indolore, mais peut s’accompagner de nécrose (cobras cracheurs) », expliquent F. Sorge et J. P. Chippaux dans un document intitulé « La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXXI – n° 4 – juillet-août 2016« 

Les venins sont constitués chimiquement de deux groupes de protéines:  les enzymes, dont la toxicité aiguë est généralement faible, et les toxines (plus d’explication à la page 75 de ce document). 

Ce qu’on sait des anti-venins 

Les anti-venins précipitent les protéines composant le venin et les neutralisent. Ils sont spécifiques d’un nombre plus ou moins important de serpents, informent expliquent F. Sorge et J. P. Chippaux. 

Source: page 4 de ce document https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers19-11/010076893.pdf

Les vertus de l’anacardier 

Selon l’ex-directeur général de l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS), Stanley Okolo, à travers un document intitulé « Pharmacopée de l’Afrique de l’ouest« , l’écorce de la tige est utilisée pour arrêter le saignement des dents (Arokoyo et al., 2015), et comme antidiabétique, anti-inflammatoire (Tedong et al., 2007), antihypertensif (Tchikaya et al., 2011). Le jus du fruit est utilisé pour le traitement de la lèpre, l’éléphantiasis, le psoriasis, la teigne, le diabète, les verrues et les cors (Mbatchou et Kosoono, 2012). Les feuilles et l’écorce sont utilisées dans la décoction pour la
diarrhée, l’enflure et les ulcères de la bouche. Les racines sont utilisées pour traiter la douleur (Mshana et al. 2000). L’infusion des feuilles et de l’écorce soulage les maux de dents, les douleurs gingivales et la dysenterie (Godghate et al. 2013).

Verdict

Faux

Au regard des documents scientifiques consultés l’anacardier n’est pas reconnu comme ayant des vertus d’anti-venin. De plus, les anti-venins sont pour la plupart spécifiques aux familles de serpents. L’OMS ne conseille nullement l’utilisation de l’anacardier pour soigner les morsures de serpent. 

Donc, l’écorce de l’anacardier ne soigne pas les morsures de serpent et n’est pas un anti-venin scientifiquement prouvé. Seuls les anti-venins homologués peuvent être réellement efficace contre les morsures de serpent.

 

 

Non, ces images ne montrent pas des femmes fouettées par leurs fiancés au Soudan du Sud

Sur plusieurs pages Facebook, des publications associées à plusieurs photos indiquent qu’au Soudan du Sud, les femmes se font fouetter par leurs fiancés. Ce qui leur permet de prouver leur amour et leur maturité à gérer un foyer. Est-ce le fiancé qui fouette la femme? La cérémonie a-t-elle lieu au Soudan du Sud?  La vérification de Bénin Check apporte des réponses à ces différentes questions.   

Comme vous pouvez le constater, cette publication en date du 10 août 2022, a enregistré 14 mille commentaires. Elle a été partagée 2800 fois. 

Les faits 

Dans la publication, nous voyons trois photos dont une que vous voyez ci-dessous. Une recherche d’image inversée permet de comprendre que cette photo a été publiée pour la première fois en mars 2010. Elle illustre un rituel dénommé « l’Ukuli » chez les Hamar en Ethiopie. 

Le rituel de l’Ukuli 

L’Ukuli est le rituel de passage du garçon à l’âge adulte. Tout garçon de la tribu y participe afin de devenir un « donza », c’est-à-dire un homme. Cela lui permettra de posséder un troupeau et de choisir sa future femme. Le chef de la tribu désigne celui qui participera à la cérémonie, qui a lieu plusieurs fois par an.

Il s’agit avant tout d’une démonstration de force et d’habileté. Le jeune homme, surnommé l’Ukuli, doit sauter complètement nu par-dessus un troupeau de vaches alignées. Son objectif est de parcourir les dos des bovidés et cela sans tomber, en plusieurs allers-retours. Après cela, le chef de la tribu le déclare homme. Néanmoins le jeune Ukuli peut se permettre une seule et unique chute. Au-delà, il devient la risée de la tribu et est battu par les membres de sa famille. Et il ne pourra plus prétendre à devenir un homme.

Mais la cérémonie de l’Ukuli ne consiste pas seulement en un saut par-dessus un troupeau de vaches. En effet, il existe en amont tout un rituel mené par les femmes de la tribu, notamment celles de la famille du futur « donza ». Elles vont provoquer par des gestes et des paroles, les Maz, un groupe de jeunes hommes qui ont récemment réussi leur rituel initiatique. Poussés par les provocations des femmes, ils ripostent en leur assenant des coups de fouet. Sans pousser un seul cri de douleur, les femmes Hamar veulent montrer qu’elles sont courageuses et fortes face aux épreuves. C’est aussi un signe d’amour pour celui qui va devenir un homme. Ainsi, plus elles reçoivent de coups de fouet, plus leur fierté est grande. Et surtout, elles n’hésitent pas à exhiber leurs cicatrices comme des trophées.

 

Un reportage sur le rituel Ukuli

Verdict

Faux

Les femmes ne sont pas fouettées par leurs fiancés et cette cérémonie n’est pas pratiquée par une communauté du Soudan du Sud.

Cette vérification a été faite et cet article a été rédigé, puis publié par le Fondateur de Bénin Check, Délofon Toussaint HOUETOHOSSOU

%d blogueurs aiment cette page :